L'on m'a souvent demandé à quoi servait la poésie et pourquoi je m'entêtais à écrire des poèmes. Parmi toutes les réponses possibles, en voici une qu'aurait pu donner Hugo : pour ne pas oublier, pour résister au temps, et faire entendre la voix des perdants et des révoltés. "Indignez-vous", disait l'autre ; il aurait tout aussi bien pu dire "devenez poètes".
Evanescente amie qui me point tout soudain,
Tu m'animes et m'enjoues, je suis prêt à écrire ;
Je trempe mon stylet dans tes éclats de rire,
Et assène un poème à grands coups de gourdin.
Le vers est plein de vie quand l'image à du galbe :
Le chaos de la langue est un grand feu de joie
Où dansent les idées, où les mots qui rougeoient,
Contre Histoire et Oubli ravivent le coeur d'Albe.
Voici qu'elle se sauve, évanouie dans l'instant ;
La gloire et les vaincus s'en retournent au néant,
Je me retrouve seul, sans un mot et contrit.
L'Histoire s'est écrite au dépens des perdants ;
Muse ! si tu fuis et me laisse pantelant,
Qui peindra les Curiaces et leur honneur flétri ?
Marcel Shagi
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