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mardi 25 février 2014

La note de musique




Petit défi poétique lancé par Nine, sur le thème de la note de musique ...





Dormir, j'en ai rêvé, mais le vache Morphée
Récite des poèmes, il ne voit plus le temps ;
Minaudant au miroir, ménageant ses effets,
Fat et sot, il m'ignore pendant que je l'attends.

Soliloque insomniaque, une note me tanne,
La clé de l'Ut m'habite et tourne dans ma tête ;
Si Morphée ne vient pas, juré ! je me trépanne !
— Dormir ! La note ou ma vie, que l'une s'arrête !


Marcel Shagi 

dimanche 9 février 2014

Enfin.


Ma photo

Jeanne s'habille et ensuite prend son petit-déjeuner.

Oui, ce n'est pas logique, mais les habitudes ne changent pas. Surtout les mauvaises. Elle a une belle journée en perspective. Seule, mais une belle journée tout de même. Beaucoup se réjouissent d'avoir enfin un moment pour eux. Ce n'était pas son cas. Justement, elle rêvait d'avoir enfin un moment pour ses amis. Elle n'a pas de petit-ami. Elle n'a pas de chat. Elle n'a qu'elle et son travail. Elle n'a pas de collègues non plus. Elle n'a qu'elle. Elle, et le métro.

Elle aimait tant observer les passagers du métro parisien. Il y avait ceux qui étaient mal réveillés, ceux qui étaient en retard, ceux qui appréhendaient l'idée d'aller travailler. Elle était contente quand elle voyait un visage heureux de sa journée. Des fois – souvent - elle rencontrait les mêmes personnes, les mêmes visages, et elle avait fini par apprendre à deviner leurs vies à partir de petits détails: nouvelle tenue, nouveau livre, nouvelle personne avec eux dans le wagon. Elle trouvait cela génial, des gens qui partagent le même espace, réduit, familier, à la fois seuls et cohabitant. Le métro parisien était sa destination préférée. Elle pouvait le prendre encore et encore pour observer la foule, anonyme et individuelle. C'était sa manière de partager les choses. Les choses des autres. Les premiers temps elle s'amusait de voir la masse vivante se déplacer. C'était digne d'un documentaire aquatique: les gens sortaient du métro et marchaient d'un pas commun et frénétique, à des rythmes différents mais vers de mêmes destinations. Un véritable banc de poisson.
Tous tournaient au même endroit au même moment pour prendre la sortie 3 de Châtelet ou pour faire le changement de la ligne 1 à la ligne 14 direction Saint-Lazare. D'une même foule se dessinaient plusieurs parcours, et Jeanne différenciait ainsi les Parisianus Olympiadus des Cadrus Défensus, même si les indécis Touristus Pauméus brouillaient les pistes.

Mais aujourd'hui c'était différent. Le métro devait la mener à un endroit précis, enfin.