SES

Quelques pages très utiles pour comprendre et naviguer sur ce blog

lundi 14 février 2011

Comment exécute t-on une Tâche ?




Elle ne distingua rien sur ses pieds. C'est curieux, elle aurait juré avoir aperçu quelque chose. Mais quoi ? Non, vraiment, rien. Il n'y a rien dessous non-plus. Tant pis, sans doute un trouble visuel. Quelque chose d'insignifiant et mobile qui avait dû trouver son pied assez beau pour oser y traîner son corps dégoûtant. A cette idée, elle le glissa précipitamment sous le drap qui recouvrait ses mollets puis regarda autour d'elle. L'endroit proprement inondé de soleil était chaud et dense. La poussière s'allumait sur les coussins, et les tissus enveloppaient la jeune dame tant et si bien qu'elle ne put se résoudre à s'en extraire. Il lui semblait entendre de la musique, mais elle ne savait dire d'où cette dernière semblait provenir. Qu'avait-elle fait la veille ? Seulement lu un peu, puis rompue de fatigue elle s'était endormie sur son canapé, toute habillée. Pourquoi demeurait-elle toute nue ici dans ce cas ? Elle promena quelques sa main sur son corps et sur ses hanches volumineuses. Rien n'avait changé. Elle sursauta.

Quelque chose avait frémi sur sa gauche. Elle scruta le mur, et s'apprêtait à s'en détourner quand elle la vit. Elle avait quitté son pied pour se coller au mur, la garce. La jeune femme tapa mollement le mur avec son petit poing, mais la Tâche avait fui. Les couvertures happèrent de nouveau la femme qui se laissa tranquillement aller à cette jouissance passive. A peine avait-elle fermé les paupières que le sommeil l'embarquait de nouveau. Enfin seule.

jeudi 3 février 2011

Fièvre d'un après-midi brumeux




A chacun sa première fois : baptême de mon inspiration "prosatrice" (le dictionnaire n'ayant pas su satisfaire mon intime besoin d'adjectif, j'ai unilatéralement décidé d'en inventer un, car j'aime les mots qui correspondent à ce que je veux dire...), en espérant que cela vous "parlera".


Ma robe était pourpre et d’une légèreté indécente. Pourtant, elle me couvrait si bien qu’il me semblait être dans une chrysalide. Le tissu d’une incroyable douceur ne masquait pas l’odeur de fleur d’oranger que diffusait ma peau. Je me sentais enfouie dans un bain de coton parfumé, le soleil caressant mon visage débarrassé de tout affublement mondain.
Aux alentours, des montagnes aux vallons d’une verdure fluorescente. Non loin, une rivière paisible après une longue nuit orageuse, seul son bleu tirant sur le vert laissant deviner les foudres qui s’étaient abattues sur le monde. Quelques oiseaux osaient se prêter à leurs vocalises. Et cependant, le silence régnait, mutisme d’un macrocosme dont la sérénade ne peut enrayer le drame.
La tranquillité et l’insouciance étaient trop profondes. Ma peau restait glacée. Un insidieux fluide coulait dans mes artères cherchant ce cœur dont il embraserait l’angoisse. Né de mes entrailles, il se ramifiait, et, déjà, il atteignait mes membres, pris de tremblements incontrôlables. Il n’eut aucun mal à remonter le long de ma cage thoracique pour se loger dans la sacrosainte chapelle. C’est alors que je sus. Je voulus réprimer ce cri ardent qui me déchirait le crâne, qui me répétait l’évidence, tel une litanie. Je me rendis compte que de ma main coulait un liquide chaud ; je m’étais écroulée sur les graviers du chemin. J’avais perdu toute notion du temps, de l’espace. Tout ce que je savais m’était martelé d’une voix cinglante et stridente.
Puis, le vide… plus de montagne, plus de rivière, ni de litanie… seulement lui, au milieu des orchidées. Mes jambes voulaient s’élancer mais je sentais déjà la peau glacée de ce corps. Il restait beau malgré les nombreuses entailles et les hématomes. Son visage avait été protégé par mes bras lors de l’impact. Il était couché sur un tapis d’un rouge malsain mais attirant, vous rappelant l’impérieuse faiblesse du flux vital. Le cri revint, une fois… il est mort.
C’est alors que je me réveillais.
Mais ça ne changeait rien.

Anima Antris