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dimanche 16 novembre 2014

Au beau crépuscule


Il y a quelques semaines, je rencontrai mon bon ami Bernard de la ville de P., et nous bûmes un café en profitant jalousement des derniers rayons d'un soleil estival sur le déclin. 
Nous parlâmes de choses et d'autres, mais surtout de littérature, et de poésie. Peu versé dans la versification, je lui offris une anthologie afin qu'il puisse découvrir quelques unes de nos plus belles plumes et les faire discuter entre elles. A titre d'exemple, je lui citai le poncif de "La Belle matineuse" auquel plusieurs grands poètes s'essayèrent. Les trois poèmes que je lui lus semblèrent lui plaire, et je lui lançai donc le défi de renouveler le topos. Quoi de plus formateur que de faire ses armes avec un "à la manière de"?

Voici donc, pour la première fois sur le Sous Espace, la plume de Bernard Saïd, dans une interprétation de La Belle matineuse, en "sonnet triché" - comme il le dit lui-même : une "nouvelle forme poétique pour les fainéants", ses vers n'étant pas tous d'une orthodoxie alexandrique avérée.



Au beau crépuscule

Sculptées dans sa peau salée et brune de l’été,
Ses courbes dorsales défient la ligne de l’horizon.
L’astre de feu retient sa chute, car sur le ponton
Un autre soleil embrasse la mer d’huile, troublée.

Il scintille tant que la Nuit refuse de tomber ;
La déesse avise son fils : « Morphée, attendons ».
Jaloux du jeune soleil, Morphée scande une chanson :
Les yeux clos, un songe glisse sur mon corps éthéré.

Hélas ! Tandis qu’endormi dansent mes désirs
Les dieux se disputent sa chair tendre comme des vampires.
Mais, nul ne peut vaincre pareille beauté par la haine.

Mon héros jaillit nu des vagues rouges et noires ;
Honteuse, même la lune s’éclipse devant la sienne.
Je me rends et m’incline à la lueur du soir.

Bernard Saïd