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mercredi 9 juin 2010

Chasse aux papillons.

Voici donc l'article que j'aurais dû poster en lieu et place de ma courte définition du Dandy. Pas de cynisme ni d'indécence pour cette fois, mais je vous rassure, c'est une exception...


Me voici de retour après un ermitage de deux jours dans les Alpes — par ermitage, entendez vie sans internet. Pas de loutres, quelques marmottes tout au plus.

J’aime errer dans la nature, cela m’inspire toujours. Je dirais même que cela m’inspire trop : il m’arrive bien souvent de me laisser séduire par ma pensée. Dès lors, je ne peux plus la quitter. Disons que je suis soumis à un phénomène que je baptiserai noodromie (course de l’esprit). Une idée en amène une autre, un vers appelle le suivant. Magnifique ! me direz-vous. Je serais du même avis s’il était possible de s’arrêter pour admirer l’échafaudage dans son ensemble.

Cependant, il y a là un problème majeur : la pensée, c’est un peu comme le vélo, si on ne va pas assez vite, on s’écroule dans le fossé. Impossible donc, de ralentir la marche et de consigner la chose.

Imaginez donc ma frustration lorsque je passe de longues minutes à me laisser posséder par une sorte d’enthousiasme, avant de voir ma création — s'il est encore possible de l'appeler ainsi — s’évanouir dans les airs comme le ferait la fumée d’une cigarette aux volutes moqueuses.

Me voici donc à nouveau en train d’écrire quelque chose de tout à fait inintéressant, puisque les pensées séduisantes m’ont échappées  (ndlr : il est donc inutile de lire ce billet).

L’écriture serait donc semblable par cet aspect à une chasse aux papillons. On se saisit d’une idée au vol, puis on l’épingle sur une feuille en essayant de la préserver au mieux afin de la conserver, de la partager et de l’admirer soi-même. Mais ces papillons là sont bien plus fragiles que ceux que l’on rencontre communément. Leurs ailes perdent très rapidement de leur éclat, et se brisent au moindre souffle.
Le travail de l’écrivain consisterait donc à recueillir des cadavres pantelants, et à imaginer ce qu’ils auraient pu être et ce qu’il furent, puis, de les reconstituer, tel un taxidermiste.

Il se trouve que les papillons que j’ai croisés ce week-end étaient si beaux que je n’ai pas eu le cœur de m’en saisir, de peur de les blesser. Je les ai donc contemplé égoïstement. Certains s’excuseraient à cet instant, de ne pas avoir su saisir leur pensée. Je n’en ferai rien.

Admirez donc les vôtres pour cette fois.


Arman Melroy

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