Il y a de cela quelques mois, Lisa m'a lancé un petit défi : écrire une lettre, celle de l'homme qui part. J'ai eu beau essayer à de nombreuses reprises, dans différents formats, je ne suis jamais arrivé à un résultat probant. J'ai abandonné. Enfin, je croyais ...
En effet, cette thématique a continué à mûrir en moi, et a motivé plusieurs écrits dont voici le premier. L'homme qui part ne sera pas, pour moi, une lettre, mais une série de textes ayant trait au voyage, au départ, ainsi qu'à l'abandon.
L'homme
qui part (2) : Maudit qui comme Ulysse ...
S'élevant du ressac, la douce mélopée
Se prenait dans les voiles et coulait
sur le pont
Donnait aux palpitants des rythmes
d'épopée
Battements syncopés, chaotiques,
fripons
Piano, allegro, ostinato, forte
Le nuage de chants se mua en orage
Démoniaque ouragan dont le tempo heurté
Réveilla en chacun une ardeur sauvage
A défaut du bateau tous les cœurs
chaviraient
Les pauvres matelots tanguaient à chaque
note
De cette mélodie dont chacun s'enivrait
– Bientôt sur le vaisseau ne restaient
que leurs bottes
Tous mes copains d'abord, viennent de
déserter
Passant par dessus bord pour s'unir aux
sirènes
Je reste sur le pont, au grand mât
ligoté
Tandis que je m'adonne à leur onde
inhumaine
Mon radeau de raison, pris dans ce
maléfice
A sombré dans la mer, en des bras
langoureux
Cœur et voiles dehors, jusqu'au fond des
abysses
Où je jette aux flots noirs un regard
malheureux
***
Pourquoi ai-je rêvé des amours métissées
Par delà l'horizon où le ciel est béant
?
Je connais bien les Grecs et j'ai lu
l'Odyssée
Pourquoi m'a-t-il fallu éprouver l'Océan
?
Je connais bien les Grecs, l’Iliade et
ses drames
Et je sais que les Dieux se rient de nos
espoirs
Ils attisent en nos cœurs de bien
coupables flammes
Et ils aiment à les voir vaciller dans
le noir
Car le monde est ténèbres et la vie
éphémère
Que peut-il me servir de suivre tous les
vents ?
Le rideau tombera bientôt sur ma misère
L'exil est la rançon des voyages ardents
J'ai quitté le confort de ton joli
boudoir
Tes lèvres de corail, et ta moue
enjôleuse
Pour chasser des chimères et porter
l'encensoir
Du présent magnifié par les passions
fiévreuses
Mais quand l'Aurore vient à la fin des
bacchantes
Mon bonheur est en berne et mon désir
est vain
J'ai soif de ta peau claire et de ta
voix charmante
Les myrtes de Cythère ne font pas de bons vins.
Les myrtes de Cythère ne font pas de bons vins.