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vendredi 10 octobre 2014

L'homme qui part (2) : Maudit qui comme Ulysse ...


Il y a de cela quelques mois, Lisa m'a lancé un petit défi : écrire une lettre, celle de l'homme qui part. J'ai eu beau essayer à de nombreuses reprises, dans différents formats, je ne suis jamais arrivé à un résultat probant. J'ai abandonné. Enfin, je croyais ... 
En effet, cette thématique a continué à mûrir en moi, et a motivé plusieurs écrits dont voici le premier. L'homme qui part ne sera pas, pour moi, une lettre, mais une série de textes ayant trait au voyage, au départ, ainsi qu'à l'abandon.

L'homme qui part (2) : Maudit qui comme Ulysse ... 

S'élevant du ressac, la douce mélopée
Se prenait dans les voiles et coulait sur le pont
Donnait aux palpitants des rythmes d'épopée
Battements syncopés, chaotiques, fripons 

Piano, allegro, ostinato, forte
Le nuage de chants se mua en orage
Démoniaque ouragan dont le tempo heurté
Réveilla en chacun une ardeur sauvage

A défaut du bateau tous les cœurs chaviraient
Les pauvres matelots tanguaient à chaque note
De cette mélodie dont chacun s'enivrait
– Bientôt sur le vaisseau ne restaient que leurs bottes

Tous mes copains d'abord, viennent de déserter
Passant par dessus bord pour s'unir aux sirènes
Je reste sur le pont, au grand mât ligoté
Tandis que je m'adonne à leur onde inhumaine

Mon radeau de raison, pris dans ce maléfice
A sombré dans la mer, en des bras langoureux
Cœur et voiles dehors, jusqu'au fond des abysses
Où je jette aux flots noirs un regard malheureux

***

Pourquoi ai-je rêvé des amours métissées
Par delà l'horizon où le ciel est béant ?
Je connais bien les Grecs et j'ai lu l'Odyssée
Pourquoi m'a-t-il fallu éprouver l'Océan ?

Je connais bien les Grecs, l’Iliade et ses drames
Et je sais que les Dieux se rient de nos espoirs
Ils attisent en nos cœurs de bien coupables flammes
Et ils aiment à les voir vaciller dans le noir

Car le monde est ténèbres et la vie éphémère
Que peut-il me servir de suivre tous les vents ?
Le rideau tombera bientôt sur ma misère
L'exil est la rançon des voyages ardents

J'ai quitté le confort de ton joli boudoir
Tes lèvres de corail, et ta moue enjôleuse
Pour chasser des chimères et porter l'encensoir
Du présent magnifié par les passions fiévreuses

Mais quand l'Aurore vient à la fin des bacchantes
Mon bonheur est en berne et mon désir est vain
J'ai soif de ta peau claire et de ta voix charmante
Les myrtes de Cythère ne font pas de bons vins.