Devant le succès certain des "Lettres de Nine", et parce qu'elles m'ont faite vibrer, voici une lettre, de moi cette fois. Beaudelaire chantait la Femme au milieu de la foule assourdissante qui hurlait autour de lui, je rends honneur à l'Homme sur le Pont des Arts.
Ô toi que j'eusse aimé, Ô toi qui le savais !
Bel inconnu,
Cela fait une demi-heure que je vous regarde pleurer. Quelle
tristesse vous ravage au point de vous faire perdre la pudeur des larmes ?
Je devine une garce qui est partie en emportant votre cœur. Quel dommage !
Un autre jour, dans une autre vie, nous aurions pu nous rencontrer.
Je la hais de tout mon cœur. D’abord par solidarité et parce
que moi, j’aurais bien voulu vous aimer. Fatalement, inconditionnellement. Et
je vous assure que j’aurais laissé votre cœur à sa place.
Imaginez ! Nous nous serions vus, ici, sur le pont des
Arts. Vous m’auriez aimée tout de suite à travers vos yeux embués. Nos mains se
seraient frôlées et vous auriez compris que votre peine ne servait que votre
destinée : vous amener à moi. Et en un instant, comme par magie, le pont
des Arts serait devenu le pont des Soupirs.
Mais malheureux, vous avez jeté toutes vos larmes dans la
Seine. Il n’en reste pas une pour moi. Votre cœur est sec maintenant.
Je m’en vais et vous donne rendez-vous demain dans cette
autre vie dans laquelle nous aurions su nous aimer.
J’emmène avec moi la vision de vos pleurs pour que votre
peine soit moins lourde à porter.
Sachez bien, Monsieur l’Inconnu, que dans l’immensité de
Paris, quelqu’un pense à vous et vous a aimé un instant.
L’inconnue
du banc d’à-côté
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