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lundi 14 février 2011

Comment exécute t-on une Tâche ?




Elle ne distingua rien sur ses pieds. C'est curieux, elle aurait juré avoir aperçu quelque chose. Mais quoi ? Non, vraiment, rien. Il n'y a rien dessous non-plus. Tant pis, sans doute un trouble visuel. Quelque chose d'insignifiant et mobile qui avait dû trouver son pied assez beau pour oser y traîner son corps dégoûtant. A cette idée, elle le glissa précipitamment sous le drap qui recouvrait ses mollets puis regarda autour d'elle. L'endroit proprement inondé de soleil était chaud et dense. La poussière s'allumait sur les coussins, et les tissus enveloppaient la jeune dame tant et si bien qu'elle ne put se résoudre à s'en extraire. Il lui semblait entendre de la musique, mais elle ne savait dire d'où cette dernière semblait provenir. Qu'avait-elle fait la veille ? Seulement lu un peu, puis rompue de fatigue elle s'était endormie sur son canapé, toute habillée. Pourquoi demeurait-elle toute nue ici dans ce cas ? Elle promena quelques sa main sur son corps et sur ses hanches volumineuses. Rien n'avait changé. Elle sursauta.

Quelque chose avait frémi sur sa gauche. Elle scruta le mur, et s'apprêtait à s'en détourner quand elle la vit. Elle avait quitté son pied pour se coller au mur, la garce. La jeune femme tapa mollement le mur avec son petit poing, mais la Tâche avait fui. Les couvertures happèrent de nouveau la femme qui se laissa tranquillement aller à cette jouissance passive. A peine avait-elle fermé les paupières que le sommeil l'embarquait de nouveau. Enfin seule.
Les rayons chauds caressaient ses membres de femme, et ses longs cheveux. La Tâche l'observait collée à son sein, tranquille mais prête. Un petit courant d'air frôla les narines de la Vénus, tout entière donnée à Morphée. Cette dernière pourtant, lassée d'être là s'enfuit, laissant seule la belle tout à son réveil. La Tâche vint alors sur son front, violente et évidente à la fois.
Elle se répandit avec application sur se visage qui se décomposait au fur-et-à-mesure de cet envahissement massif. Elle regardait le sol, honteuse et blessée à la fois. Le remord la gagnait, suivit de ses compagnons le doute et la morale. La jeune femme nue sortit alors de la chambre errante et inactive, la Tâche voletant autour d'elle.

On décida dès ce moment de l'appeler Procrastine parce qu'il nous faut bien un nom, et que celui-ci sonne comme ceux de Victor Hugo. Peu importe. La Tâche devenait plus grande plus le temps s'écoulait, et Procrastine perdait de son éclat. La Tâche bondissait d'étagères en étagères, de livres en livres, de piano en cuisine, de cuisine en chambre, de vaisselles en cahiers. Tant que Procrastine essayait de la capturer, la Tâche devenait plus perfide, plus méchante, et Procrastine en venait à lui mendier de la tranquillité, grâce aux excuses qu'elle se donnait pour ne pas mettre fin à son supplice. Ses sommeils devenaient agités et ses réveils de plus en plus cruels. Les couvertures constamment ramenées sur son corps, ses longs cheveux ternes et picorés de fourches lui tombait devant les yeux. La Tâche venait alors devant elle, relançant une nouvelle fois la bataille. Une guerre qui semblait ne pas avoir de terme. Une guerre où la victime était peut-être son bourreau, une guerre somme toute banale. Ça grimpe comme un château de cartes, et si enfin, un des deux protagonistes décide d'y mettre une fin, le château s'écroule.

Cette-nuit là, Procrastine endormie toute habillée sur son lit cherchait un peu de douceur au creux des étoiles. Elle n'y parvenait pas, les astres lui semblant des Tâches elles aussi. Elle se raccrochait au silence, mais elle perdait équilibre. Le vide entre les jambes, les mains poussiéreuses, le corps en forme d'étau, elle avait alors l'apparence d'un rien, d'un morceau de quelque chose, mais elle ne savait pas quoi. Elle ignora longtemps où elle avait puisé ainsi un nouveau courage, mais enfin, elle comprit. Procrastine s'était perdue, elle comptait bien se retrouver. Elle prit la Tâche à part, et dans un silence presque pur, elle l'exécuta. Brutalement. La Tâche une fois exécutée, Procrastine reprit son royaume en main, et en redevint Reine.

Et alors qu'un matin, quand la poussière s'allumait sur les coussins, et les tissus enveloppaient la jeune dame tant et si bien qu'elle ne pouvait se résoudre à s'en extraire [...], les couvertures happèrent de nouveau la jeune femme qui se laissa tranquillement aller à cette jouissance passive. A peine avait-elle fermé les paupières que le sommeil l'embarquait de nouveau.
[...] Un petit courant d'air frôla les narines de la Vénus, tout entière donnée à Morphée. Cette dernière pourtant, lassée d'être là s'enfuit, laissant seule la belle tout à son réveil. La Tâche vint alors sur son front...Tout recommença.

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